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Palestine : après 20 ans de négociations de paix, rien dans l’horizon

By   /   30 septembre 2013  /   No Comments

La Palestine partagée par l'ONU en 1947

La Palestine partagée par l’ONU en 1947

Le 13 septembre dernier, les négociations entre palestiniens et israéliens pour un accord de paix juste et équitable auront duré une vingtaine d’années déjà. Depuis la poignée de main historique entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat ce jour du mois de septembre 1993, aucune lueur d’une quelconque avance dans la voie d’une paix définitive n’est apparue.

Après un gel de trois ans, les négociations de paix directes entre Israéliens et Palestiniens allaient reprendre à Washington le lundi 29 juillet 2013.  La veille, des mesures unilatérales prises par le gouvernement Natanyahou ont obligé les responsables palestiniens à refuser d’y participer. Ce n’était pas la première fois que les israéliens sabotaient des négociations auxquelles elles allaient effectuer avec les palestiniens. Nous rappelleront ci-dessous, les péripéties qu’avaient connues ces pourparlers de paix impossible depuis l’accord initié à Oslo en 1993:

– 13 sept 1993 : après six mois de négociations à Oslo, Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) se reconnaissent mutuellement et signent à Washington une déclaration de principes sur une autonomie palestinienne transitoire de cinq ans. Le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin et le dirigeant palestinien Yasser Arafat échangent une poignée de main historique.

– 4 mai 1994 : accord sur l’autonomie de Gaza et Jéricho (Cisjordanie) entériné au Caire. Israël évacue 70% de la bande de Gaza et l’enclave de Jéricho.

– 28 sept 1995 : à Washington, accord intérimaire (Oslo II) sur l’extension de l’autonomie en Cisjordanie, prévoyant une série de retraits israéliens.

– 23 octobre 1998 : à Wye Plantation (Etats-Unis), accord intérimaire sur les modalités d’un retrait israélien de 13% de Cisjordanie.

– 11-25 juillet 2000 : au sommet de Camp David (Etats-Unis), Palestiniens et Israéliens achoppent principalement sur le problème de Jérusalem et des réfugiés de 1948. Deux mois après éclate la deuxième Intifada, le soulèvement palestinien.

– jan 2001 : discussions à Taba (Egypte) sur la base du plan du président américain Bill Clinton. Un mois après, le Premier ministre israélien Ehoud Barak sera battu aux élections par le chef de la droite Ariel Sharon.

– 30 avril 2003 : publication d’une Feuille de route, élaborée par le Quartette sur le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, Union européenne, ONU) qui prévoit la création d’un Etat palestinien d’ici 2005 après la fin des violences palestiniennes et un gel de la colonisation israélienne.

– 27 novembre 2007 : à Annapolis (Etats-Unis), Israël et l’Autorité palestinienne tentent de parvenir à un accord de paix d’ici fin 2008.

– décembre 2008-jan 2009 : opération militaire israélienne dans la bande de Gaza. L’Autorité palestinienne se retire des négociations en signe de protestation.

– 2 sept 2010 : A Washington, reprise des négociations directes. Le dialogue entre le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou s’interrompt après la reprise par Israël, le 26 septembre, de la colonisation dans les territoires occupés.

– 7 décembre 2010 : Washington renonce à faire du gel de la colonisation en Cisjordanie un préalable aux négociations directes. Les Palestiniens continuent d’exiger un arrêt total de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

– 19 mai 2011 : le président américain Barack Obama se prononce en faveur d’un Etat palestinien sur la base des frontières de 1967, c’est-à-dire la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-Est. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou écarte tout « retrait aux lignes de 1967 ».

– 17 avril 2012 : Abbas appelle Israël à reprendre les négociations sur la base des lignes d’avant juin 1967, avec des « échanges de territoire mineurs et mutuellement agréés » et du gel de la colonisation, y compris à Jérusalem-Est annexée, dans une lettre à Benjamin Netanyahou.

– 30 avr 2013 : la Ligue arabe reformule son initiative de paix de 2002, validant désormais expressément le principe d’un échange de territoires entre Israël et les Palestiniens, sous les auspices des Etats-Unis.

– 19 juil 2013 : le secrétaire d’Etat américain John Kerry annonce être parvenu à un accord sur une base pour une reprise des négociations entre Israéliens et Palestiniens, au terme de son sixième voyage dans la région.

– 28 juil 2013 : le gouvernement israélien approuve la libération de prisonniers palestiniens, selon la radio publique. Annonce d’une reprise des négociations directes à Washington le lundi 29 juillet 2013.

Il est clair que ces négociations achoppent sur des questions essentielles et que c’est la partie israélienne qui, sournoisement tient à les rendre sans objet dès lors qu’elle refuse toutes les résolutions des Nations-Unies sur la question palestinienne. Nous publions ci-dessous le texte d’un philosophe franco-israélien qui analyse avec une certaine lucidité les causes des tergiversations israélienne pour parvenir à un accord définitif sur cette question.

Sami Shérif

Réflexions sur la question palestinienne

Par Ivan SEGRE

Trois énoncés constituent le socle idéologique de ce qu’il convient d’appeler l’appareil d’État israélien: 1. Il n’y aura pas de retour aux frontières de 1967. 2. Jérusalem est la « capitale éternelle et indivisible » du peuple juif. 3. Il n’y aura pas de « droit au retour » des réfugiés palestiniens.

 Ce qu’on appelle le « processus d’Oslo » a-t-il remis en question l’un de ces énoncés ? Il semble que non. Une paix juste est-elle concevable sur la base des ces trois énoncés ? Il semble que non. Les Israéliens peuvent-ils remettre en question ces trois énoncés ? A l’évidence oui. Tâchons d’expliquer pourquoi.

 On pourrait être tenté de reconnaître dans ces trois énoncés le projet à peine déguisé d’un « Grand Israël »: la vision politique de l’appareil d’État israélien reposerait en dernière instance sur une lecture littéraliste, intégriste et, somme toute, vulgaire de la Bible. Une telle interprétation serait pourtant un contre-sens. Certes, l’appareil d’État israélien s’appuie sur le nationalisme religieux; mais il l’instrumentalise, parfois à ses risques et périls, et non l’inverse. Ce qui détermine le discours et la politique de l’appareil d’État israélien, ce sont des considérations militaires, et non bibliques. On sait du reste que les principaux décideurs politiques en Israël sont issus de l’armée. C’est une conséquence de l’histoire de cet État, scandée par trois guerres décisives : en 1948, en 1967 et en 1973. Pour les Israéliens, la vision politique de l’armée est non seulement légitime, mais déterminante. Or la politique d’une armée est « sécuritaire ». Et dans cette optique, les frontières de 1967 ne sont pas acceptables, parce qu’elles ne garantissent pas de profondeur stratégique; d’où la proposition corollaire: il ne saurait y avoir de partage proprement dit de la « Palestine historique » entre Israéliens et Palestiniens, ce qui se traduit symboliquement par le non partage de la circonscription actuelle de Jérusalem, et le refus d’un « droit au retour » des réfugiés. Dans un langage plus immédiatement militaire, cela se formule ainsi: la viabilité d’un État, qui plus est dans un environnement hostile, suppose des frontières sûres, donc naturelles, au sens où elles s’articulent de manière cohérente avec un territoire qu’il faut défendre: au Sud le désert du Sinaï, au Nord le plateau du Golan, à l’Ouest la mer, enfin à l’Est le Jourdain.

Le problème est cependant l’existence, à l’intérieur de ces frontières naturelles, d’une population non seulement étrangère au nationalisme juif, mais hostile. Nommons-les: des « Palestiniens ». Les repousser au-delà du Jourdain est irréalisable, pour des raisons morales, diplomatiques et pratiques; mais les intégrer supposerait de facto d’opter pour un État binational, ce qui est impossible du point de vue de l’appareil d’État israélien, dont la loi est de persévérer dans son être. Alors que faire ? La réponse est simple et bien connue: rien, précisément ne rien faire, si ce n’est la gestion des affaires courantes, ce qui, en l’occurrence, consiste à sécuriser les populations jugées hostiles; et la meilleure manière de sécuriser un ou des individus jugés hostiles, et dangereux, c’est encore de les enfermer. Du point de vue d’un appareil d’Etat, rien n’est plus menaçant que des hommes libres. Si un semblant d’autorité palestinienne accepte de prendre à sa charge la politique sécuritaire qui s’impose, on lui déléguera les affaires courantes; sinon, il n’y aura pas d’autre autorité politique dans ce petit coin du monde (de la taille d’un département français) que l’État israélien.

Est-ce à dire que dans ce petit coin du monde, il n’y aura pas d’autres hommes libres que les Israéliens ? C’est ici qu’intervient une autre loi, qui n’est pas la loi de l’appareil d’État, mais une loi de la pensée. Dans ses Réflexions sur la question juive, Sartre conclut: « Pas un Français ne sera libre tant que les Juifs ne jouiront pas de la plénitude de leurs droits ». La formule, à s’en tenir à la loi d’un appareil d’État, est un non sens : si des hommes sont asservis, en quoi est-ce que leurs oppresseurs ne seraient pas libres ? Peu de gouvernements, ici-bas, accordent du crédit aux lois de la pensée. Selon eux le monde est régi par d’autres lois que celles de la pensée.

On peut cependant émettre l’hypothèse que les Israéliens, eux, pensent, et qu’ils sauront s’émanciper de la logique sécuritaire de leur appareil d’État ; auquel cas ils concluront, un beau jour : Pas un israélien ne sera libre tant que les Palestiniens ne jouiront pas de la plénitude de leurs droits.

 En attendant, les Israéliens ne sont donc pas libres ; ils sont même plus asservis encore que les Palestiniens. En effet qui pense, qui pense vraiment, c’est-à-dire vit sous la loi de la pensée, saitque l’asservissement des Palestiniens est sans commune mesure avec celui des Israéliens : les premiers savent qu’ils ne sont pas libres, et luttent pour leur liberté ; les seconds s’imaginent libres, quand ils croupissent dans les fers.

Ivan Segré

MEDIAPART 30 SEPTEMBRE 2013

 AGENCE MÉDIA PALESTINE

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